Comprendre le Cycle Émotionnel à l’occasion d’une Transformation

Les transformations professionnelles, qu’elles soient choisies ou imposées, éveillent en nous des émotions profondes et parfois contradictoires. Que vous changiez de poste, lanciez une nouvelle activité ou que vous embrassiez une carrière différente, ces émotions rythment chaque étape de votre cheminement. Comprendre ce cycle émotionnel peut s’avérer une boussole précieuse, pour avancer avec sérénité, au lieu de se perdre dans l’incertitude.

Les étapes du cycle émotionnel

1. L’excitation initiale. Le début d’une transformation professionnelle est souvent marqué par une euphorie exaltante. Tout semble possible, et l’avenir, riche de promesses. C’est un moment où l’enthousiasme déplace des montagnes, mais aussi où les attentes peuvent se tendre jusqu’à l’idéalisation (attention à la « descente » et aux risques de regrets et de frustration).

Prenons un exemple : Thomas, cadre dirigeant ayant une expérience de 15 ans au sein d’un grand groupe, leader dans son secteur d’activité, accepte de rejoindre l’équipe de direction d’une start-up en phase de développement. L’idée de participer à une aventure entrepreneuriale le transporte d’exaltation.

Référence utile : David McClelland, psychologue américain ayant développé une théorie des motivations, dans son livre The Achieving Society, évoque la force motrice du besoin d’accomplissement dans les démarches ambitieuses. Il souligne que ce besoin agit comme une puissante force motrice pour les individus qui cherchent à atteindre des objectifs ambitieux, en les poussant à sortir de leur zone de confort, à prendre des initiatives et à viser l’excellence, souvent en fixant des standards élevés et en recherchant un retour direct sur leurs efforts.

2. La confrontation à la réalité. Rapidement, les défis surgissent. L’énergie initiale s’épuise face aux imprévus, aux résultats tardifs et aux incertitudes. La courbe d’apprentissage se dresse alors comme un mur, et le doute s’installe.

Revenons à Thomas : Quelques semaines après son arrivée, il réalise que, faute de process clairement établis et confrontés à de nombreux défis liés à la forte croissance de son activité, l’équipe est désorganisée. Malgré les compétences qu’il a acquises et son expérience, ses réflexes, adaptés à un grand groupe structuré, lui paraissent inutiles.

3. Le point de creux émotionnel. Ce moment, souvent nommé la « vallée de la désillusion », est le plus pénible. La peur de l’échec et le sentiment d’isolement peuvent vous envahir. Beaucoup abandonnent ici ou envisagent de faire marche arrière.

Dans notre exemple, Thomas, en prise avec une forme de déprime, commence à regretter son poste précédent, où les attentes de sa hiérarchie étaient claires et prévisibles. Il doute alors de la pertinence de son choix.

Référence utile : Elisabeth Kübler-Ross associe cette phase à l’acceptation nécessaire des pertes liées au changement. Elle développe cette idée dans son ouvrage On Death and Dying. Elle y introduit le modèle des cinq étapes du deuil, montrant que l’acceptation est une phase clé pour surmonter les pertes, qu’elles soient liées à un deuil ou à un changement majeur, permettant ainsi une adaptation émotionnelle et une reconstruction.

4. L’ajustement et l’apprentissage. Persévérer ouvre la voie à l’adaptation. Vous apprenez à transformer les obstacles en opportunités et à réévaluer vos attentes. Chaque petit succès devient une étape constructive vers la confiance retrouvée.

Prenant conscience de ses faiblesses et ayant identifié ses besoins, Thomas décide de suivre une formation en gestion de projet agile. Il apprend à appréhender l’imprévisibilité et l’incertitude avec davantage de flexibilité.

Outil pratique : La technique de l’expérimentation active, développée par Edgar Schein dans son ouvrage Process Consultation Revisited: Building the Helping Relationship, décrit la façon dont tester des solutions à petite échelle permet d’apprendre par l’action, de réduire les risques liés à l’échec, et de faciliter l’adaptation dans des environnements organisationnels complexes. Il s’agit de tester de nouvelles approches par petits pas pour valider des solutions sans craindre l’erreur.

5. La stabilisation et la réussite. Les fruits de vos efforts se révèlent enfin. Une nouvelle confiance s’installe, nourrie par les apprentissages accumulés. Votre transformation n’est pas seulement un succès, elle devient une pierre fondatrice de votre parcours.

Retrouvons Thomas. A ce moment de son parcours, il met en place des processus efficaces qui renforcent la performance de l’ensemble de l’équipe. Il voit son impact grandir au sein de la start-up dont les résultats s’en trouvent améliorés.

Référence inspirante : Carol Dweck, dans Mindset, illustre, quant à elle, l’importance de cultiver un esprit de croissance pour évoluer. Elle démontre que les personnes dotées d’un esprit de croissance considèrent les défis, les erreurs et les échecs non pas comme des obstacles, mais comme des opportunités d’apprentissage et de développement. Cet état d’esprit favorise la résilience et l’adaptabilité, indispensables pour évoluer dans des contextes de transformation professionnelle.

Chaque étape peut être traversée avec succès, en apprenant à :

1. Cultiver la résilience ;
2. S’appuyer sur un système de soutien ;
3. Fixer des objectifs réalistes ;
4. Adopter une posture d’apprentissage ;
5. Se reconnecter à ses valeurs.

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