L’Executive Coaching: Une Seconde Vie du Leadership

Ma conception humaniste du coaching de dirigeants fait, en plusieurs points, écho à l’idée de « seconde vie » développée par le philosophe François Jullien*. Loin d’une méthode axée uniquement sur la performance immédiate ou l’accomplissement d’objectifs prédéfinis, j’accompagne mes clients dans un processus plus profond : un changement de regard, une redécouverte de leur potentiel, et une réinvention de leur rapport au pouvoir, à leur équipe et à eux-mêmes. L’exécutive coaching devient alors une occasion de déployer différemment leur rôle de leader, dans un cadre tout à la fois plus authentique et plus aligné.

Leadership et écart : quitter les certitudes pour mieux avancer

Tout processus de coaching commence par un écart : un moment où les certitudes vacillent, où les stratégies habituelles ne suffisent plus. Qu’il s’agisse du cas d’un dirigeant confronté à une restructuration d’entreprise, d’un cadre de direction cherchant à trouver sa place dans une équipe en mutation, ou d’un leader en quête de repères face à une  situation de croissance qui lui échappe, l’écart est souvent vécu comme une crise.

Mais cet écart est aussi une opportunité. Il invite à sortir des automatismes, à interroger non seulement ce que l’on fait, mais pourquoi et comment on le fait, en interrogeant le sens même de cette action. Mon rôle, en tant que coach, est d’accompagner ce déplacement. Non pas pour imposer une solution extérieure, mais pour aider à habiter cet écart de manière constructive, en permettant à mon client de découvrir en lui des potentialités insoupçonnées.

Du « faire » à l’ « être » : la question centrale du sens

Dans le quotidien effréné d’un leader, le faire domine souvent. Atteindre des résultats, gérer des crises, motiver les équipes, répondre aux attentes des actionnaires, satisfaire ses clients… Cette logique d’action est nécessaire, mais elle peut devenir aliénante si elle écrase l’être, c’est-à-dire l’identité profonde du leader.

L’humanisme de mon approche consiste précisément à permettre à mes clients de retrouver cet équilibre. Il ne s’agit pas de les amener à cesser d’agir, mais de leur permettre de redonner du sens à leur action, de la réinscrire dans une perspective plus alignée sur leurs valeurs, leurs aspirations, et leur singularité. Ce recentrage n’est pas seulement bénéfique pour eux : il rejaillit sur leurs équipes, en créant un climat plus authentique et inspirant.

Le coaching comme déploiement : une dynamique d’évolution continue

Contrairement à une vision mécaniste du leadership, où chaque défi appellerait une solution prédéfinie, je conçois le coaching de dirigeant comme un processus de déploiement. Chaque leader porte en lui des ressources inexploitées, des forces parfois invisibles, qui ne demandent qu’à émerger. Mon travail consiste à révéler ces potentialités en créant un espace de confiance, propice à la réflexion, l’écoute, et la mise en perspective.

Ce déploiement ne signifie pas tout abandonner pour recommencer à zéro, il n’est question ni de renaissance ni de nouvelle vie. Au contraire, il s’agit d’un mouvement subtil qui permet d’intégrer les acquis, les expériences, les réussites, autant que les échecs, pour les transformer en matériaux de construction. En cela, il s’apparente à la « seconde vie » décrite par François Jullien : une manière d’être qui ne nie pas le passé, mais qui le transcende pour ouvrir de nouvelles voies.

Une approche centrée sur l’humain : co-construction et respect

L’humanisme de mon approche se manifeste également dans la manière dont je conçois la relation de coaching. Elle n’est jamais directive, mais toujours coconstruite. Je considère que le coach et son client sont tous deux des experts qui travaillent à parité. Le client est expert de sa vie et de ses expériences, conscient de ce qu’il a déjà mis en œuvre et essayé pour résoudre ses préoccupations. Mon expertise réside, elle, dans la création d’un environnement propice au changement et l’établissement du cadre nécessaire pour permettre au coaché de faire émerger ses propres solutions gagnantes. Chaque client est porteur de ses propres réponses ; mon rôle est de les faire émerger par des questions pertinentes, une écoute active, un feedback percutant, et un cadre bienveillant mais exigeant.

Cette approche repose sur un respect fondamental pour la personne que j’accompagne. Ce respect se traduit par une attention particulière aux singularités : la culture, le parcours, les valeurs et les aspirations uniques de chaque leader. Ce n’est qu’en prenant en compte cette dimension profondément humaine que le coaching peut véritablement devenir un levier de transformation durable.

La seconde vie du leadership : vers une gouvernance authentique et alignée

Ainsi, l’exécutive coaching, dans sa conception humaniste, n’est pas seulement, à mes yeux, un outil pour améliorer la performance ou résoudre des problèmes. Il est une invitation à entrer dans une seconde vie du leadership. Une vie où l’on cesse de subir les cadres imposés pour réinventer son rôle, où, sans oublier l’objectif, l’on se libère des pressions inutiles pour recentrer son action sur l’essentiel.

Dans un monde en profonde mutation, ce type de leadership est plus que jamais nécessaire. Il ne s’agit plus de diriger uniquement par la force, la légitimité de la fonction ou la compétence nes de l’expérience, mais par la capacité à s’adapter, à écouter, à fédérer, et à incarner des valeurs partagées. C’est ce chemin que je propose à mes clients d’explorer, dans une démarche où l’écart devient une source de richesse, et permet de mieux écrire, jour après jour, les pages de la seconde vie du leadership.

(*) François Julien – Une seconde vie – Le Livre de Poche

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